La cohérence cardiaque : affaire de coeur, affaire de tête

Cohérence cardiaque neuropsychologie

Contrôler ses battements cardiaques afin de mieux contrôler son cerveau

La cohérence cardiaque

En quoi notre cœur a-t-il un lien avec notre cerveau? On reconnaît au cœur sa fonction de pompe, qui permet de faire circuler le sang à travers l’ensemble de notre organisme. Au repos, il existe de petites variations dans notre rythme cardiaque. Ce phénomène se nomme variabilité de fréquence cardiaque (VFC). Il s’agit des différences, même minimes, qui existent entre deux contractions cardiaques. Le cerveau exerce son influence sur le cœur: le système nerveux sympathique (SNS), qui est un accélérateur de l’organisme qui augmente son activité, et le système nerveux parasympathique (SNP), le frein qui régularise notre organisme au repos, sont deux systèmes dont les actions opposées influencent la fréquence cardiaque. Inversement, le cœur est également connecté avec le cerveau, puisqu’il libère des hormones qui jouent un rôle dans la régulation physiologique et le rythme cardiaque. 

Lorsque vous êtes stressé, apeuré ou surexcité, la variabilité des contractions cardiaques diminue; à contrario, elle augmente lorsque vous êtes au repos, détendu et apaisé. Nos battements cardiaques et notre respiration sont influencés par nos peurs, nos pensées et nos efforts. La cohérence cardiaque, c’est en fait lorsqu’on présente un état de stabilité de ces variations cardiaques. Comme les liens cœur-cerveau sont bidirectionnels, en contrôlant le rythme cardiaque, on est à même d’influencer le fonctionnement cérébral et potentiellement la gestion du stress et des émotions. On peut le faire, par le contrôle de notre respiration! 

Pratique de la cohérence cardiaque

Cette technique d’autorégulation cardiaque simple et facile à retenir se résume au nombre 365. 3: trois fois par jour; 6: six respirations par minute, ce qui équivaut à un rythme d’une inspiration de 5 secondes et d’une expiration de 5 secondes; et 5: 5 minutes au total.

Afin d’optimiser la pratique, il est conseillé de choisir un environnement calme et de s'asseoir confortablement, le dos droit et la colonne vertébrale bien étirée. On peut effectuer l’exercice les yeux ouverts ou fermés, selon la préférence de chacun. Afin de vous faciliter la tâche, il existe une application gratuite facilitant la synchronisation de sa respiration selon le principe du 365: RespiRelax, disponible sur iOS et Android. 

Bienfaits

En plus de réduire le stress, la cohérence cardiaque contribuerait au bien-être psychologique en augmentant le sentiment d’équilibre physique et émotionnel. La cohérence cardiaque permettrait également d’augmenter les performances cognitives, telles que la mémoire à long terme et la capacité de se concentrer. Sur le plan neurochimique, elle assurerait une action optimale de nombreux neurotransmetteurs comme la dopamine et la sérotonine, agissant à titre préventif sur l’anxiété et la dépression. Sur le plan biochimique, cette technique serait principalement associée à une baisse du cortisol dans le sang et la salive (hormone du stress), une augmentation de la quantité d'ocytocine (hormone du plaisir et de l’amour). De plus, une pratique régulière serait liée à une diminution de la pression artérielle et une augmentation de l’efficacité du système immunitaire. 

Récupération à la suite d’une commotion cérébrale : la pertinence de la cohérence cardiaque

Dans la littérature, on rapporte des altérations de la VFC chez les patients qui ont subi une commotion cérébrale, aussi appelée traumatisme craniocérébral léger (TCCL), notamment une faible amplitude et une mauvaise rythmicité cardiaque. Plusieurs études tendent à démontrer que l’entrainement de la VFC est une avenue pertinente afin de promouvoir la récupération des fonctions exécutives, des fonctions de haut niveau telles que la planification, l’organisation, la flexibilité mentale et l’inhibition, fonctions souvent affectées par le TCCL (Conder & Conder, 2014). La cohérence cardiaque est donc une technique très intéressante pour la récupération de certains symptômes cognitifs, en plus de pouvoir diminuer l’anxiété qui peut être vécue après un TCCL.

Justine Cadorette et Laurie Dubois, étudiantes au doctorat en neuropsychologie clinique et cliniciennes à la Clinique Cortex. justine.cadorette@cliniquecortex.com  laurie.dubois@cliniquecortex.com

Références
Conder, R. L., & Conder, A. A. (2014). Heart rate variability interventions for concussion and rehabilitation. Frontiers in Psychology, 5, 890.
Dolfus, S. (2013). La cohérence cardiaque: définition, intérêts et applications en psychiatrie. European Psychiatry, 28(8), 13.
Juneau, M. (2017, 2 août). La cohérence cardiaque. Observatoire de la prévention de l’Institut de cardiologie de Montréal. https://observatoireprevention.org/2017/08/02/la-coherence-cardiaque/
McCraty, R., & Zayas, M. A. (2014). Cardiac coherence, self-regulation, autonomic stability, and psychosocial well-being. Frontiers in psychology, 5, 1090.

O’Hare, D. (2013). 5 minutes le matin. Exercices simples de méditation pour les stressés très pressés. Vergèze, France: Thierry Souccar Éditions.
O’Hare, D. (2012). Cohérence cardiaque: 365. Guide de cohérence cardiaque jour après jour. Vergèze, France: Thierry Souccar Éditions.
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