Plasticité cérébrale; Peut-on déjouer le cerveau?

 Plasticité cérébrale

Qu'est-ce que la plasticité cérébrale?

La plasticité cérébrale, ou la neuroplasticité, c’est la capacité du cerveau à se modifier, se réorganiser et se reprogrammer via de nouvelles connexions neuronales ou via l’affaiblissement de connexions désuètes. Au cours de notre vie, différents éléments tels que nos croyances, nos attentes, nos apprentissages et nos habitudes influencent directement les liens, les connexions et les adaptations de notre cerveau. À travers les diverses expériences que nous vivons, il est en constante évolution.

Est-ce important dans un contexte de réadaptation ?

Suite à une blessure ou à l’apparition d’une douleur à la cheville, par exemple, il peut nous arriver de modifier notre patron de marche (de « boiter ») en voulant protéger l’articulation atteinte. À ce moment, notre cerveau enregistre que la mise en charge sur le pied envoie un signal de douleur ou de danger relatif. Ainsi, au fils du temps, cela pourrait devenir un automatisme de marcher différemment pendant une certaine période. La plasticité cérébrale a fait son œuvre dans un objectif de protection contre ce signal de douleur.

À l’inverse, dans un cas où la douleur devient chronique, généralement considérée comme telle à compter d’environ 3 mois suivant son apparition, il devient alors important de stimuler ou de provoquer cette neuroplasticité, car certaines connexions enregistrées par le cerveau n’ont peut-être plus raison d’être. Il faut apprendre à notre cerveau à augmenter son seuil de tolérance ou l’inciter à se modifier pour que le signal envoyé soit interprété différemment.

Il est bon à savoir qu’une perception douloureuse n’est pas toujours directement reliée à une blessure ou un dommage physique objectivable. La douleur est un signal et, parfois, nos nerfs sensitifs (nos capteurs), nous jouent des tours en nous incitant à l’hypervigilance.

Comment reprogrammer son cerveau ?

Des stratégies d’adaptation peuvent moduler l’activité nerveuse liée à la douleur dans notre cerveau. Dans une situation de douleur chronique, on cherchera alors à diminuer la fréquence ainsi que la facilité de transmission des signaux entre la région atteinte et notre centre de contrôle, le cerveau.

De manière générale, celui-ci accorde plus d’importance aux signaux de danger, aux désirs ainsi qu’à la nouveauté. Il module les sensations en accentuant certaines au détriment d’autres.

Voici quelques stratégies pour déjouer le cerveau :

  • Éducation (s’informer et chercher à comprendre pour ajuster nos croyances et nos attentes)
  • Changement d’habitudes (création ou modification d’automatisme)
  • Pensée positive (changement du discours interne)
  • Détournement de l’attention (ignorer le signal ou en diminuer l’importance, s’occuper ailleurs ou autrement)
Exemple 1 : Quatre mois après une blessure au genou, Élise n’ose pas aller marcher, car sa douleur la limite. En faisant son épicerie, elle croise une amie, elles placotent en continuant leurs achats. De retour à la maison, elle réalise ne pas avoir ressenti de douleur lorsqu’elle marchait à l’épicerie en discutant.

Choix de stratégie :

  • Détournement de l’attention : prendre une marche avec un proche
  • Pensée positive : se répéter que la douleur s’estompe et qu’on retrouve nos capacités fonctionnelles : « Wow, je vais mieux, j’ai marché 15 minutes sans ressentir de douleur ! »
Exemple 2 : Suite à un accident de travail, Paul reçoit un diagnostic d’hernie discale. Il passe maintenant plusieurs heures par jour devant la télévision en se rappelant que sa mère a reçu le même diagnostic il y a plusieurs années et qu’elle répétait que son dos était faible, qu’elle ne pouvait plus bouger sans douleur. Il se dit alors que c’est de famille, son dos demeurera douloureux.

Choix de stratégie :

  • Éducation : consulter un professionnel de la santé qui lui expliquera sa condition ; celle-ci n’étant pas héréditaire, ses croyances seront corrigées et ses attentes modifiées
  • Changement d’habitude : se lever à chaque 30 minutes pour changer de position, bouger, marcher

Dans tous les cas, il faudra faire des efforts d’adaptation et faire preuve d’un peu de patience en gardant en tête que notre cerveau se développe en fonction de ce qu’il comprend et de ce qu’il vit. Nous détenons le contrôle de nos perceptions et de nos réactions.


Steffy Lecours,
Technologue en physiothérapie

Sources :
RetrainPain
L'attention Partie 2 : La sélection 
Détourner son attention de la douleur
Les effets de l'optimisme sur le cerveau 
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